2. SOVIA, une société respectueuse de l’environnement

Début juin se tenait le Salon de l’immobilier au Parc Expo à Colmar. C’était juste après que nous tombions sur cette affaire de projet de lotissement sur le secteur Biberacker ! Des amis, pour l’occasion transformés en un couple de bobos-écolos aisés venus de Strasbourg et désireux pour des raisons professionnelles de s’installer à Colmar (si, si…), acceptaient d’aller se renseigner pour nous sur le stand de Sovia. Leur rêve ? Trouver un terrain pour une maison dans un coin bucolique… De préférence du côté du quartier des maraîchers… Et il n’a pas fallu longtemps pour que le vendeur morde à l’hameçon.

« On est à votre écoute » : voilà la phrase par laquelle nos amis ont eu le plaisir d’être accueillis par le responsable commercial du stand en ce beau dimanche. « Que cherchez-vous ? Quel type d’information ? » – « Ben on cherche un terrain, sur Colmar… » – « Colmar même ? » Et voilà notre vendeur, après quelques questions pour mieux cerner la recherche de nos Strasbourgeois un peu naïfs , et après une précision relative au marché colmarien « très, très compliqué », d’égrener les possibilités actuellement offertes par sa société sur Colmar : un terrain dans le quartier Silberrunz, un autre quartier Semm, et une autre solution qui arrive, à Colmar : « ça s’appelle Biberacker »… Bingo ! Pas cinq minutes que l’échange avait commencé, que le nom magique était déjà prononcé… Ainsi, le week-end des 10 et 11 juin, cinq jours après avoir déposé ses demandes de permis d’aménager en mairie, Sovia commençait déjà à parler des possibilités prochaines sur ce secteur à ses clients.

Comprenant qu’il fallait être pédagogue : « La marque là, Sovia, c’est l’abréviation de société de viabilisation. On est aménageur foncier, on est fabricant de terrains ». Eh oui, une simple recherche sur internet permet de comprendre assez facilement comment a été formé en 1989 le nom de la société par un ancien de BEREST : Pierre Georgenthum. Force est de constater qu’en 30 ans Sovia est devenue quelque chose : « le plus gros lotisseur d’Alsace », avance notre commercial. C’est que le fondateur a entre temps passé le relais à ses deux fils, Stephan et Olivier Georgenthum, tous deux diplômés de l’ENSAIS, célèbre école d’ingénieur « Arts et Industries » de Strasbourg. Signe de l’importance de l’entreprise dans le paysage régional et dans la filière, Stephan Georgenthum est devenu président de l’UNAM Alsace, l’Union Nationale des Aménageurs, dont il est aussi le trésorier au niveau national (un organisme dont les travaux et services sont à découvrir sur https://unam-territoires.fr/)

Espérons qu’on échappera au procès en diffamation en proposant que les réalisations dues aux deux ingénieurs « Arts et Industries » relèvent a priori (prudence !) plutôt d’une démarche industrielle qu’artistique. On n’est pas là pour rigoler, plutôt pour faire du chiffre : des hectares de terrain à « viabiliser » comme il faut aux quatre coins de la région – et dieu sait que ce type d’opérations se mène avec des engins plus connus pour leur puissance que pour leur délicatesse ; des lots à vendre par multiples dizaines chaque année ; des maisons à concevoir avec un peu toutes la même trombine ; et à l’arrivée, les M€ correspondants, difficiles à quantifier. Un peu moins de 17 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2021, s’il faut en croire les informations trouvées en ligne. Mais comme chaque projet a sa petite filiale dédiée, comme « Biberacker Aménagement » sur notre cher secteur, ce doit être un peu plus… C’est en tout cas toute une longue liste de filiales aux jolis noms (ceux des endroits sacrifiés généralement…) et aux comptabilités propres qu’abrite leur boîte-aux-lettres du 10, place du Capitaine Dreyfuss à Colmar. Bref, une holding… Rien que sur Colmar, c’est du lourd. Baladez vous du côté de la rue de la Semm ou de la rue des Aulnes (un autre lotissement les pieds dans l’eau…), vous comprendrez…

Plus de trente ans d’expérience, donc, et une façon rodée d’opérer. Nos complices strasbourgeois éthérés ont eu le vice de vouloir comprendre comment marchait ce projet prévu pour sortir « dans un an, un an et demi », et qui piquait vraiment la curiosité en raison du prix annoncé : « 55 à 60 000 € » (l’are) ! Un projet comprenant entre autres « 1 ou 2 parcelles pour des maisons accolées », et « 3 ou 4 terrains pour des maisons individuelles », permettant à madame de toucher du doigt le rêve d’une  belle maison avec piscine… « Un an, un an et demi », car de tous les services d’urbanisme d’Alsace, « le plus compliqué c’est Colmar ». C’est ce qu’ils s’entendirent dire : pas très dynamique, pas très réactif, et énormément de soucis pour faire sortir les permis d’aménager et de construire… (messieurs dans les services, il faudrait songer à accélérer un peu…) Mais quelle est donc cette longue marche à suivre pour l’ardent aménageur : déposer la demande de permis [d’aménager], l’obtenir, le purger de tout recours possible (« purger le juridique », qu’on appelle ça…), puis à la fin des fins, acheter le foncier… « Parce que vous ne l’avez pas ?! » Consternation du responsable commercial devant un tel niveau de candeur… Je vous explique : « Nous quand on s’engage sur une opération on signe des promesses de vente, on signe des accords de principe : Monsieur XY, madame, nous on est prêt à vous  acheter votre terrain, votre champ de patates, votre champ de salades, à tel prix, dans un délai donné, à condition que nous ayons obtenu un permis d’aménager que nous allons déposer dans un certain délai, qu’il n’ait pas été attaqué, qu’il n’y ait pas de sondages archéologiques préventifs qui coûtent des millions, et ainsi de suite. Il y a plein de conditions » – « Comment vous pouvez être sûrs que ça va sortir alors ? » (Mon dieu…) Et bien tout simplement ma bonne dame parce que l’ensemble du secteur convoité (à une parcelle près, située en bordure de boucle, ndlr) a fait l’objet de cette démarche préalable visant à rendre possible l’acquisition foncière… Et aussi, parce que ça fait des années que ce projet est en gestation, une première demande de permis en 2019 (manifestement pas assez bien ficelée) ayant déjà essuyé un refus.

Allez, laissons notre vendeur tranquille, car il leur en avait assez dit…

On découvrait par après les motifs du refus opposé à cette première demande de permis de 2019 : un problème de sous-dimensionnement de l’accès au site et du raccordement au réseau d’assainissement, étant donnée la taille du projet…  Ce qui s’appelle un peu (pour une société spécialisée en viabilisation) se prendre les pieds dans le tapis… Ce pourquoi surtout elle a dû revenir à la charge vers certains propriétaires de parcelle récalcitrants, avec insistance, pour disposer à tout prix d’un meilleur accès. Pourquoi a-t-on entendu parler, lorsque nous évoquions cette question foncière, de l’hypothèse d’une possible préemption par la Ville en cas de refus de vente ? D’où venait cette idée saugrenue et trompeuse ? Pour lever tout doute sur la question, précisons-le : s’il n’y a pas de déclaration d’intérêt public, si c’est un projet purement privé, il ne peut y avoir de procédure de préemption.

Cette première demande de permis n’a donc pas été refusée, on l’aura compris, pour des questions de patrimoine ou d’environnement. Ah ?! « Mais tout de même, si la Ville et les services de l’Etat avaient la tête ailleurs sur ces aspects, un tel aménageur professionnel, qui à en croire ses visuels de communication aime les beaux endroits, ne met-il pas des fois lui-même des barrières à ses velléités en cas d’environnement trop sensible ? », aurait encore pu s’inquiéter dans un dernier assaut de candeur nos gentils Strasbourgeois. Et le site internet de Sovia leur aurait presque répondu oui : « Note philosophie ? Le mieux-faire pour un mieux-vivre. Il s’agit de respecter au maximum l’environnement lors de nos interventions, d’intégrer au mieux les zones d’habitation dans leur contexte urbain ou rural et d’aménager de façon optimale le cadre de vie des futurs habitants… le tout en mobilisant notre réflexion autour de l’existant. » Ouf, on se sent mieux ! (Source : https://www.sovia-amenageur.fr/index.php?rubrique=societe)

Allez, la prochaine fois, on parle de ceux qui font les lois et règlements…

POST SCRIPTUM 

Sur ce dernier aspect, l’UNAM veille d’ailleurs au grain et une bonne nouvelle égaye depuis le 10 juillet la page d’accueil de son site internet : ZAN & Loi Climat et Résilience : L’UNAM et les élus locaux obtiennent des assouplissements importants (un article réservé aux abonnés).

Enfin précisons : nous n’ignorons pas qu’il y a d’autres promoteurs sur la place prompts à remplir un peu davantage encore le quartier des maraîchers, citons-les eux aussi : Pircher & Architectes, dirigée par Mickaël Burgaentzlen, et 4B IMMO, dirigée par Nicolas Burgaentzlen (encore une fratrie, les fils d’un maraîcher produisant encore champignons et endives par l’intermédiaire d’un gérant…) ; aussi ARMINDO Habitat, toujours à l’affut ; et un dernier venu, avec tout récemment l’abattage d’un magnifique saule à son actif rue Scherersbrunnweg : Patrice Toniutti.

Brigitte Klinkert pose la première pierre sur le muret amovible d’un autre gros projet, rue de la Semm… À ses côtés, de gauche à droite : Olivier Georgenthum, Odile Uhlrich-Mallet, Eric Straumann, puis Stephan Georgenthum et Pierre Georgenthum, fondateur de Sovia.
Photo L’Alsace /Hervé KIELWASSER – 25 octobre 2022

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