Notre audience avec le Maire de Colmar

Jeudi 13 juillet à 16 heures, nous avions rendez-vous avec le Maire de Colmar pour parler du dossier qui fâche. Et c’est accompagné de la 1re Adjointe chargée de l’urbanisme, Odile Uhlrich-Mallet, qu’il nous a reçus, juste avant le début des festivités au Champ de Mars, en cette veille de 14 juillet.

Cette audience n’a pas eu lieu sur le site lui-même, comme nous l’avions demandé. On s’en doutait. Le Maire, cette fois absolument pas tout en sourire et plaisanteries, a fait mine de mal prendre que nous supposions qu’il ne connaissait pas l’endroit. Et la 1re Adjointe de nous reprocher de ne pas les avoir invités à notre promenade de découverte du 25 juin.

Dont acte, nous avions invité qui le voulait, sans invitations spéciales.

Passées ces amabilités, disons le à nouveau : on ne cesse de vérifier à quel point ce secteur en impasse est une perle méconnue, et d’autres personnalités avant le Maire, tout aussi impliquées dans les affaires colmariennes – si cela est possible – nous l’ont concédé. On insiste : il faut aller tout au fond de cette rue ne débouchant en apparence sur rien, jusqu’à cette étonnante boucle, pour en juger, pour décider en conscience de sa vie ou de sa mort.

Bref, nous étions « quand même » heureux d’être reçus pour prendre connaissance de la position du Maire un mois après que ce dossier ait surgi de façon si imprévue dans l’actualité.

On a avancé simplement nos deux arguments :

1. la valeur patrimoniale de l’endroit, dans un quartier des maraîchers grignoté sans pitié depuis 15 ans.

2. son caractère de zone naturelle sensible, à protéger à l’heure où l’on parle de l’enjeu de l’artificialisation des sols.

Réponse unique : « Nous sommes dans un état de droit, nous n’avons pas d’autre choix que d’appliquer le Plan local d’urbanisme de 2017, il fallait se réveiller avant ». On argumente sur les intentions indiquées dans le Plan Climat Air Énergie de l’agglomération, adopté début juin (« L’accélération du changement climatique nous appelle à redoubler d’efforts… ») et sur les préconisations en cours d’adoption du SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) qui va s’imposer de façon imminente à tous les documents d’urbanisme de rang inférieurs, SCoT et PLU… En face, le droit, le droit, toujours le droit : « Nous sommes en démocratie, je ne peux pas faire ce que je veux. Comment je pourrais décider qu’un terrain rendu constructible ne le serait finalement pas ? » Et même : « Il y a des règles démocratiques, on n’est pas en Union soviétique ».

Sur l’aspect patrimonial, on a suggéré que la Ville pouvait valoriser cette identité maraîchère pour en faire un atout, à l’image de la dynamique portée par la municipalité dans le quartier du Grillenbreit, un renouveau adossé au passé industriel du quartier, une réussite qu’on a sincèrement complimentée. Puis on a proposé le parallèle avec le quartier des Tanneurs, menacé en son temps qui a failli être détruit, puis finalement sauvé : « Je n’ai pas une Loi Malraux qui me permettrait de protéger ce type de quartier ». Si ce n’est qu’une question de loi, c’est que l’intention pourrait y être, voilà ce que nous nous disons.

On s’est avancé sur la question des caractéristiques de zones humides du secteur, reconnues dans le PLU de 2017 lui-même (« Le quartier du Biberacker présente un nombre important de zones humides… », p. 105 du Rapport de présentation) : en demandant comment un secteur dénommé le « chemin du champ du castor » pourrait-il ne pas être à l’origine une zone humide ? Pas de réponse. Puis en indiquant qu’il y avait potentiellement des motifs de difficultés dans le dossier à ce niveau.

Le Maire : « L’instruction est en cours, toutes les étapes de la procédure seront respectées », puis comme pour couper court à nos questions : « Écoutez, ce que je vous conseille, c’est de faire un recours le moment venu. Je conseille toujours aux gens de faire un recours ». Et un peu plus tard, après avoir redonné ce conseil : « Et je vous dirais même : ça m’arrange si vous faites un recours ».

Diverses interprétations vont fuser dans les esprits sur ce type de propos, au cours d’un échange qui était mi figue mi-raisin : mi courtois mi très agacé… Nous livrons tout cela tel que nous l’avons entendu.

On a indiqué notre déception que ce sujet soit traité sous l’angle juridique, en évacuant sa dimension politique. Puis comme on voyait bien qu’on tournait en rond, on a abordé pour finir une dernière petite série de questions – décisives en fait… – sur le plan de la ville : pourquoi laisser construire ici, dans un secteur aussi beau où la nappe affleure, plutôt que d’encourager la construction d’un nouveau quartier sur, par exemple, l’immense rectangle nu à l’est de la route de Rouffach, une terrasse située 7 ou 8 mètres au dessus de nappe ? Et là, nous apprenons qu’une partie de ce terrain appartient à la Ville, mais qu’il n’y pas encore eu de demande pour ce secteur classé lui aussi AU. Nous en venons alors à la stratégie d’acquisition foncière de la ville (la maîtrise foncière est l’un des axes du SRADDET, p. 14, 47, et surtout règle 16, p. 79 du fascicule que vous trouverez sous l’onglet Ressources). Et le Maire d’ajouter : « on achète tout ce qu’on peut, en particulier pour préserver des zones naturelles ». La 1re Adjointe de préciser : « on peut acheter, et préempter s’il y a un projet ». Nous n’avions plus qu’à poser la question : Pourquoi alors ne pas avoir fait l’acquisition des terres du Biber pour les protéger, puisque certaines sont à acheter ?

Nous n’avons pas compris pourquoi.

En conclusion

Nous appelons à nouveau le Maire à reconsidérer complètement tout ce dossier. Nous ne désespérons pas de pouvoir étudier le devenir de ce secteur un jour, avec lui, sur les lieux.

Après cette audience, nous lançons notre phase de sensibilisation la plus large possible des Colmariens à l’enjeu de l’artificialisation des terres maraîchères en général et de la préservation de ce joyau du patrimoine colmarien qu’est le Biberackerweg en particulier.

3 réponses à « Notre audience avec le Maire de Colmar »

  1. Pure démagogie une fois de plus……. Straumann, égal à lui-même……..

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  2. Straumann, fait la langue de bois comme d’hab quoi.
    Chilllès avait beaucoup de défaut mais il avait une qualité, c’est qu’il disait plus ou moins ce qu’il pensait, quite à se mettre beaucoup de gens à dos.

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    1. Personne ne regrette Meyer……. La sagesse eût voulu, qu’il reste dans son trou à Dessenheim…….. Comme d’autres à Houssen……. 😉
      Il est très « paradoxal » de constater que depuis « Joseph Rey, le Granpapa de Brigitte Klinkert…… », les Colmariens ont développé une sorte de « marotte »! Ils plébiscitent des « Maires-Paysans »…….

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